Après le champagne français, le prosecco italien ou encore le cava espagnol, la Belgique veut désormais faire pétiller son identité viticole avec un nom propre : BelBul.
Ce nouveau label, lancé officiellement ce lundi par les associations de vignerons wallons et flamands, ambitionne de donner une reconnaissance claire aux vins effervescents produits sur le sol belge.
Un nom pour exister à l’international
Jusqu’à présent, les bulles belges n’avaient pas de désignation propre, ce qui nuisait à leur lisibilité sur les marchés, en Belgique comme à l’étranger. « Il était temps de créer une appellation claire, cohérente et valorisante », souligne Vanessa Vaxelaire, présidente de l’Association des Vignerons de Wallonie. « Il nous manquait une véritable identité pour fédérer les producteurs et informer les consommateurs. »
Le nom « BelBul », contraction de Belgian Bubbles, a été choisi pour sa simplicité, son ancrage national et son potentiel marketing. Il vise à devenir un repère de qualité pour les amateurs de vins effervescents. « Notre rêve, explique Arnaud Leroy, du Vignoble des Agaises (Ruffus), c’est que dans quelques années, on trouve une catégorie « BelBul » dans les cartes des restaurants ou que les clients demandent naturellement un BelBul chez leur caviste, comme ils demanderaient un champagne. »
Un cahier des charges rigoureux
Pour arborer le label BelBul, les producteurs doivent remplir des critères stricts :
- la culture des raisins et la vinification doivent être entièrement réalisées en Belgique ;
- la méthode de production doit suivre la méthode traditionnelle, identique à celle utilisée en Champagne (seconde fermentation en bouteille) ;
- les vins doivent bénéficier d’une appellation d’origine protégée (AOP) en Wallonie ou d’un Beschermde Oorsprongsbenaming (BOB) en Flandre.
Pour le moment, 22 domaines viticoles ont rejoint cette initiative, mais le label est ouvert à d’autres producteurs qui remplissent les conditions. L’objectif est également d’unifier les efforts de promotion et de positionnement à l’export, notamment vers les marchés limitrophes comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la France.
Une filière en plein essor, mais encore sous-estimée
Longtemps confidentielle, la viticulture belge connaît une croissance spectaculaire depuis une dizaine d’années, portée en particulier par les vins effervescents. Le changement climatique, couplé à une expertise croissante des vignerons, a transformé ce qui était jadis un pari audacieux en véritable filière de qualité.
En 2021, la Belgique produisait déjà 2,1 millions de litres de vin. En 2022, ce volume atteignait plus de 3 millions, dont environ 1,5 million de litres de vin effervescent. Et en 2023, un record de 3,4 millions de litres a été atteint, avec une croissance de près de 13 % par rapport à l’année précédente.
Malgré cette dynamique, l’année 2024 a marqué un coup d’arrêt brutal : des conditions climatiques défavorables ont limité la production à 1,2 million de litres, une baisse significative. Mais les excellents rendements des millésimes précédents permettent de tempérer les inquiétudes.
Un défi de notoriété
Sur le terrain, les cavistes constatent encore une forme de scepticisme chez les consommateurs belges eux-mêmes. « Beaucoup de gens doutent encore que l’on puisse faire du bon vin ici, à cause de notre climat », explique François Michaux, caviste et importateur à Thuillies. « Pourtant, les vins effervescents belges n’ont rien à envier à leurs voisins. Ce label est une étape importante pour changer cette perception. »
Plus de 100 domaines engagés dans la bulle belge
Selon les chiffres croisés de l’Association des Vignerons de Wallonie et de Belgische Wijnbouwers-Vlaanderen, la Belgique compte aujourd’hui plus de 100 domaines produisant du vin effervescent. Ce chiffre, en constante augmentation, confirme l’engouement pour ce segment, porté aussi bien par des projets artisanaux que par des investissements ambitieux.
Si les volumes restent encore modestes à l’échelle européenne, la qualité est désormais au rendez-vous, comme en témoignent les nombreuses distinctions remportées par des cuvées belges dans des concours internationaux, notamment à Bruxelles, Paris ou Londres.
Un avenir prometteur pour les bulles belges
Avec le lancement de BelBul, la Belgique franchit un cap symbolique et stratégique : celui de la structuration de son offre viticole effervescente. Si le succès commercial suit, ce label pourrait bien devenir un ambassadeur de choix pour la viticulture belge, au même titre que le chocolat ou la bière.
